Il y a des enfants qui ne seront jamais des enfants : des enfants issus de la misère ; des enfants qui parlent de justice et qui n'ont pas dix ans, le poing fermé, la fleur aux dents ; des enfants qui n'ont rien vu au-delà du coin de leur rue mais qui en savent déjà trop long; Ils ont regardé le monde dans ses poubelles et ont décidé qu’il n'y avait pas d'autre solution que d’utiliser le système, ses idées que leur montre la télévision et devenir très vite grands, grands et méchants.

Il y a des enfants qui ne seront jamais des enfants : des enfants qui n'ont plus d’espoir ; des enfants aux idées noires ; des enfants voleurs, brigands à leur jeune âge ; des enfants de la guerre, fusil sur l’épaule et bâton en mains.

Il y a des enfants qui ne seront jamais des enfants : des enfants maigres qui font les travaux des hommes, des travaux au-dessus de leurs forces, au-dessus de leur raison, pour un morceau de pain, pour un bol de riz, pour survivre au jour le jour.

Il y a des enfants qui ne seront jamais des enfants : des enfants qui vivent en camps ; des enfants qui vivent en cage ; des enfants torturés ; des enfants qui n’ont que la peau sur les os, et qui, par-dessus leur petit squelette de vieillard, ont des yeux qui mangent leur visage et nous regardent dans nos journaux.

Ces enfants sont partout en Afrique, en Asie, en Amérique latine, au Kosovo, en Palestine occupée, en Irak. Ils sont là où les bombardements des machines de guerre meurtrières made in USA n’ont laissé que ruines, morts et épidémies.

Ces enfants ne seront jamais des enfants car leur enfance leur a été ravie, au même titre que leur innocence et leur sourire. Tous les jours, ils meurent ou sont blessés dans le cadre d’un conflit armé. Les rescapés ont besoin de temps pour surmonter les traumatismes vécus. Les séquelles physiques, et surtout psychologiques, perdurent bien souvent après la fin des hostilités. Aujourd’hui, pour survivre, ils sont prêts à tout…

Notre sélection marocaine de football vient d'achever le week-end dernier une des plus désastreuses campagnes de qualification de son histoire, après avoir terminé dernière de son groupe des éliminatoires combinées Mondial/CAN 2010, avec le médiocre bilan de trois matches nuls, autant de défaites et trois buts inscrits en six rencontres. Nous n’irons, donc, ni en coupe du monde, ni en coupe d’Afrique des nations. C’est une conséquence logique d’une mauvaise préparation. Nous suivons l’exemple de l’Arabie Saoudite qui nous a habitués à ses participations au Mondial, malgré les ressources dont dispose ce pays frère et dont le championnat professionnel est considéré le meilleur, pour le moment, dans le monde arabe. Le Bahreïn avait la qualification à sa portée, également, mais n’a pas su gérer son dernier match, hélas. La Tunisie vient se joindre aussi au lot des éliminés, une Tunisie malheureusement défensive, alors qu’elle était connue pour son beau jeu offensif. Dans quelques heures, on attendra laquelle des autres équipes arabes, égyptienne ou algérienne, retournera bredouille chez elle et ne fera pas, l’été prochain, le déplacement en Afrique du Sud. Bref, une seule équipe arabe nous représentera au Mondial sud-africain. Quelle que soit cette équipe, que le meilleur gagne, comme dit souvent mon ami Mouad.

En attendant, la déception est dans le camp et le cœur des fans de toutes ces équipes. Déception, désillusion, désolation, colère, autant de sentiments négatifs qui ne semblent même pas pousser les responsables à justifier ces échecs, en table ronde, ou en séance parlementaire, pour éclaircir les choses et par respect pour ce public attaché à son équipe nationale.

En attendant je ne sais quoi, ici ou ailleurs, tout le monde ferme son bec…

En tant que marocain, je suis déçu par nos résultats, mais aussi par l’élimination, cette semaine, du Bahreïn et surtout de l’ex-géant tunisien. Je suis aussi outré par ce que les médias et la presse sont entrain de monter à l’approche du match fatidique entre deux pays frères l’Egypte et l’Algérie. En ce moment, plusieurs chaînes télévisées égyptiennes et algériennes attisent une haine d’avant match. C’est une petite guerre médiatisée qui risque d’envenimer les relations politiques même entre les deux gouvernements. Mr Moubarak tient autant que son confrère Mr Bouteflika à cette qualification coûte que coûte et ne lésinent pas sur les moyens pour motiver joueurs et public à faire de leur mieux au Soudan où se déroulera le match barragiste

Au Soudan, oui, juste à des kilomètres du Darfour où la faim et la guerre civile massacrent des milliers d’innocents. Drôle de choix, non ? Le foot blatérien de ce millénaire (de Mr Blatter et ses acolytes), entre nous, vise toujours à rabaisser les nations arabes, d’une manière ou d’une autre.

Nous sommes arabes et musulmans et la xénophobie ne fait pas partie de notre environnement, que je sache, alors pourquoi s’acharner à l’instaurer entre nous ? Si une qualification en coupe du monde est à ce prix, alors c’est la honte ! Ce n’est pas la fin du monde de ne pas se qualifier. L’important est de garder, au-delà du fair-play, son authenticité, sa dignité et ses valeurs.